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Le figuier bleu

Un blog de passions. Passion de la Vie sous toutes ses formes et ses mystères. Empreintes de notre généalogie.. Ses richesses et/ou ses drames souterrains.. L'avenir...

ÉPIDÉMIES...QUARANTAINE...ÉVICTIONS SCOLAIRES..

 Dans le cas de la poliomyélite, c'était effrayant comme je le raconte...
Il y avait aussi toutes ces maladies contagieuses que tout le monde se repassait sur les bancs de l'école avant les vaccinations.
  Nous avions interdiction d'aller en classe.Et cela durait parfois 21 jours ou plus...Scarlatine, rougeole, oreillons etc... aucune ne nous épargnait.
Les camarades s'arrêtaient au retour de l'école pour nous laisser les devoirs et leçons... Chacun son tour...!
  Je me souviens particulièrement d'une année plus dure que les précédentes: l'année de ma scarlatine.
 J'ai dû rester un bon mois ou plus à la maison...
  Certaines évictions pouvaient aller jusqu'à 40 jours!

* Cette fois-là fut assortie d'un régime sans sel avec cervelles au menu et pommes de terre bouillies... J'ignore de quelle cervelle il s'agissait; bien qu'elle ait été assez petite, c'était terrible à avaler sans aucun assaisonnement! Maman s'était arrangée pour que notre boucher-charcutier me les réserve toutes en plus!!

  Le médecin passait une ou deux fois sauf en cas de gravité..Le nôtre était un énorme grand-père ( je l'avais "volé" ainsi) tout en tendresse et consolations surtout pour maman.
  Le lit chavirait s'il se penchait et la chaise manquait chaque fois d'exploser...
Quels magnifiques souvenirs malgré tout...!

 Des odeurs tenaces refont surface..La biphédrine huileuse au niaouli...Et les terribles cataplasmes à la moutarde! Une vraie torture.
Sans compter que nous allions à l'école à pieds par tous les temps, bardés de cette ouate rose brûlante et puante verrouillée sous le pull..Mais quel supplice ! Elle piquait tellement la peau que nous ne faisions que nous dandiner sur le banc...

 Pour les adultes c'était pire: les ventouses . J'étais fascinée par le flocon de coton enflammé qu'on y jetait avant de la retourner d'un coup vif...Et nous restions là à observer avec inquiétude cette peau qui gonflait comme un soufflé, devenait rouge, violette et presque noire.
  Je n'ai assisté qu'une fois à une scarification...Inoubliable...

 


   

 Celle-ci fut la pire car c'était la période de Noël avec une fête que nous préparions et les cadeaux offerts par la mairie..

    Mes voisins passèrent déposer LE GÉNÉRAL DOURAKINE..Un grand livre cartonné, doré au papier épais comme un buvard...
     J'y avais inscrit la date au crayon. Je l'ai conservé...
IL faut se rappeler que j'étais INTERDITE de lecture...Que nous étions pauvres et que pour Noël les cadeaux ... pouvaient être une orange - ce n'est pas une légende-
 
 Au mieux, une poupée de chiffon et une belle robe tricotée.. Je me souviens en particulier d'une rouge avec des hirondelles bleu-marine...
   Pauvre maman...!

Quel bonheur il représente!
Quel bonheur il représente!
Quel bonheur il représente!

Quel bonheur il représente!

  De tous temps les évictions scolaires ont été bien encadrées. Aujourd'hui, elles sont prises à l'échelle nationale.
   Quand à mon tour, je fus seule à devoir les appliquer dans mon petit village, ce ne fut pas toujours facile.
 En cas de contagion avérée avec plusieurs malades, il n'y avait aucune difficulté. En principe.
  Le cas le plus difficile fut celui de l'impétigo..
   Une maman était venue m'avertir d'une suspicion d'infection chez un tout jeune élève. Il était régulièrement enrhumé et pas toujours dans de bonnes conditions d'hygiène.
  C'était encore très difficile de poser un diagnostic et encore plus délicat d'en informer les parents! Il fallait manœuvrer avec "doigté" et efficacité en prenant de longs détours. Parfois, ils refusaient obstinément  d'écouter, considérant être mis en accusation...J'ai eu des remarques vraiment mémorables!
https://www.doctissimo.fr/html/sante/bebe/sa_1615_impetigo.htm

    Je dus ruser pour convaincre la maman de le conduire chez le médecin sans prononcer le mot fatidique..Et le petit revint guéri, muni d'un certificat médical!
  Un autre cas- celui d'un panaris largement infecté: le doigt était gonflé, presque bleu et la petite fille souffrait. Elle avait été confiée à des amis en l'absence de ses parents: ils avaient entouré son doigt de mie de pain trempé dans du lait...
   Heureusement qu'une voisine, ayant aperçu une traînée rouge sur son avant-bras qui commençait aussi à enfler, vint me prévenir. J'ai appelé le médecin avec leur autorisation...  elle échappa de peu à une septicémie.
     

  Ces remèdes étaient couramment pratiqués...


  Ce n'est pas non plus une légende ... puisque je subis le même sort une année où j'étais restée dans une ferme... Je devais avoir une dizaine d'années. J'avais été si heureuse d'échapper au retour. Mais un soir, en m'accrochant à une vieille rampe, je ressentis une terrible douleur dans la main.
  Une grosse écharde de vieux bois s'était enfoncée sous l'ongle de mon pouce droit de toute la longueur de la phalange!
    Pas de maman. La fermière, cousine de mon beau-père déclara:
      - Es un' truc.... et de m'appliquer le même remède qu'à mon élève.
   La journée, j'étais employée à de petits travaux- selon l'habitude. Je pleurais toute seule mais les nuits devinrent un supplice car je ne pouvais pas dormir à cause des élancements ni trop bouger pour éviter de réveiller quelqu'un...On me mit une carafe d'eau fraîche afin que je puisse dormir en y trempant mon pouce.
  Dès qu'un fermier passait c'était le leitmotiv:
             - Es un' truc!
  Maman a vite soupçonné que ma lettre lui cachait quelque chose:
    " Si vous languissez, venez me chercher..!"
 J'étais allée l'attendre à un arrêt de bus fantôme, en contrebas d'un coteau, gardant soigneusement ma main derrière mon dos..
   Le lendemain, nous étions de retour. Elle appela aussitôt la fille de ma voisine en lui ordonnant:
    - Tu la tiens bien....
   Elle saisit mon pouce et tira d'un coup... L'ongle était tombé depuis longtemps.... Il y eut tant de pus qu'elle en remplit un petit récipient.
​​​​​​​   Notre bon vieux médecin, venu aussitôt affirma qu'elle m'avait sauvé et le doigt et la vie!

                 Il fallait être dur en ce temps-là. Surtout quand on devait aider, très jeunes, aux vendanges ou ailleurs... Je l'ai raconté!

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